Une reprise soutenue teintée de menaces
"Après la crise des huit dernières années, la reprise est bel et bien là", a affirmé Jacques Chanut devant les journalistes réunis au siège de la Fédération française du bâtiment (FFB) en ce mercredi 13 septembre.
"L’activité devrait atteindre les 4 % de croissance pour 2017, dépassant les 3,4 % espérés initialement." Une tendance à nuancer selon les métiers et les territoires et impulsée notamment par "le secteur du neuf qui tire toujours l’activité par le haut" (+8,9 % de mises en chantier de logements). Côté emploi, les 15 900 postes créés au premier semestre ne peuvent que, là aussi, réjouir le Bâtiment.
Concernant l’amélioration et l’entretien du parc immobilier, la FFB note un léger redressement. Jacques Chanut déplore malgré tout "un marché très décevant par rapport à ce qu’on avait espéré il y a quelques années, avec la mise en place du Grenelle de l’environnement par exemple", s’inquiétant à la fois de "laisser vieillir un parc dans l’ancien" et "du locatif privé, clairement à la peine, où les travaux entre deux locations descendent aux abîmes depuis 2014".
Menaces à l’horizon
Si le contexte paraît donc plutôt favorable, la FFB reste vigilante quant à quelques projets annoncés par le gouvernement et qui pourraient prochainement inverser la tendance.
Première inquiétude et non des moindres : le projet d’Impôt sur la fortune immobilière (Ifi). Un impôt sur le patrimoine destiné, à terme, à remplacer l’Impôt sur la fortune (ISF), que Jacques Chanut juge "injuste et stigmatisant pour le secteur du bâtiment". Si cet impôt devait porter sur le locatif privé, il constituerait même "une nouvelle négation du rôle économique des investisseurs ".
Autre sujet de préoccupation : la dénaturation du dispositif Pinel ou du PTZ qui s’avérerait "particulièrement pénalisant pour le marché de la maison individuelle neuve et pour l’emploi", selon la FFB. Jacques Chanut a ainsi tenu à souligner que "l’importance des dispositifs de soutien au logement procède, avant tout, d’une fiscalité trop pesante".
Le président de la FFB, Jacques Chanut (au centre), entouré de Laetita Assali, directrice des Affaires sociales, et Bernard Coloos, directeur des Affaires économiques.
Vigilance de mise
Une fois n’est pas coutume, la FFB a salué la suppression progressive du Régime social des indépendants (RSI) dans sa forme actuelle, "une machine à broyer les artisans qui leur a pourri la vie depuis un certain nombre d’années", des dires même de Jacques Chanut.
La FFB restera toutefois vigilante sur plusieurs points, comme la spécificité de l’activité artisanale ou la bonne prise en compte des fluctuations de leurs revenus. "Il faut que l’artisan ait toujours le choix et son niveau d’indépendance quant au niveau de cotisation et de couverture pour lequel il voudra opter", affirme Jacques Chanut qui milite à la fois pour la mise en place d’un "guichet unique" et de "l’auto-déclaration et l’auto-paiement des cotisations".
Sur l’épineux sujet de la micro-entreprise, Jacques Chanut estime que "la publicité générale en faveur de ce système est encore une fois inacceptable", réagissant ainsi à l’augmentation annoncée récemment par le Gouvernement du plafond de chiffre d’affaires autorisé pour bénéficier de ce régime. La FFB plaide ainsi pour limiter le bénéfice de ce statut à une période de deux ans et pour mieux contrôler son application.
Et la réforme du Code du travail ?
Concernant le Compte personnel de prévention (futur ex-Compte pénibilité), la FFB s’estime "satisfaite du système retenu". Pour Jacques Chanut, "on a totalement dégagé les soucis administratifs qu’aurait supposé l’ancien Compte pénibilité et on ne peut que se réjouir de ce retour au pragmatisme." Certaines mesures laissent cependant l’organisation professionnelle plus sceptique. Le président regrette notamment que "les souplesses de négociation accordées aux entreprises jusqu’à 20 salariés ne soient pas étendues aux entreprises jusqu’à 300 salariés dépourvues de délégués syndicaux ou de DRH". D’ici à la rédaction des décrets et autres textes d’application, le secteur du bâtiment reste plus que jamais sur ses gardes pour voir si l’essai de cette nouvelle réforme sera transformé ou décevant…
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