Trophées Garance 2017 : un beau bouquet de lauréats
SUPER TREMPLIN GARANCE
La Berlue Luminaires, Gamme de luminaires, appliques et suspensions (Peillac, 56)
Recevoir le Super Tremplin Garance est "un plaisir et une belle reconnaissance" pour Leïla Abdel Kader. La dotation du trophée lui permettra en outre "d’investir plus vite que prévu" pour développer son entreprise.
Leïla Abdel Kader conçoit des luminaires… des pieds à la tête. Car oui, ses créations ont toutes un côté anthropomorphe. Le concept ? Des lampes sphériques doublées d’un cache en forme de masque expressif. En faisant pivoter ce dernier, il est possible de régler l’intensité et l’orientation de la lumière. "Le client peut personnaliser sa lampe : il choisit la base, sa couleur, ses dimensions et le ou les masque(s) de lumière qu’il souhaite y clipser", décrit l’artisane. Les masques sont vendus neutres ou peints à l’aquarelle. Une modularité peu commune sur cette frange de l’artisanat d’art, et qui permet à La Berlue Luminaires de se démarquer.
La matière, elle aussi, est singulière. "Tous les produits que j’ai inventés et que je manipule sont acryliques et sans émanation dangereuse", précise Leïla. Dans son atelier, elle a mis au point pour ses masques une membrane "effet parchemin, faite de papier mâché et voile de verre". Avec un peu d’imagination, on se le demande : ces lampes à la peau artificielle vont-elles soudain s’animer ?
D’inspiration lunaire et poétique, les créations de Leila nous plongent dans un univers digne des romans de Jules Verne. Cet attrait pour la rêverie, l’artisane l’a d’abord mis en pratique durant une dizaine d’année. Diplômée en maquettes et prototypes, elle a notamment réalisé des décors pour l’Opéra Bastille. Avant de se lancer seule, en avril 2016, en créant sa micro-entreprise. Là encore, "la théâtralité des créations est centrale", admet-elle. Pour preuve, sa dernière collection de masques, baptisée "Les Expressifs", illustre des expressions de la langue française, comme "être médusé", "être à l’Ouest", ou encore… "rire comme une baleine" !
TROPHEE COUP DE COEUR DU JURY
Ceramim (Sainte-Foy D'Aigrefeuille, 31)
Fascinée par les grands mammifères, Marie-Isabelle Mariey leur rend hommage avec brio.
Marier le bois à la céramique : la démarche de Marie-Isabelle Mariey n’a, dans le texte, rien de spécialement surprenant. Pourtant, face à ses créations, il y a de quoi s’incliner. Sculptures en céramique, boîtes et pots rivalisent d’esthétisme. La dualité des matières et des ressentis, oscillant entre la froide céramique et la chaleur des bois, laisse deviner une profonde réflexion sur l’objet. Tours de bois aux formes monumentales, comme appelées par les airs, sculptures de grands mammifères : autant de "coups de cœur" retenus par le jury des Trophées Garance.
"Cette distinction est une reconnaissance de la qualité de mes créations", se réjouit la fondatrice de Ceramim. Cette dernière se sent d’autant plus fière qu’elle n’a pas toujours évolué dans le milieu de l’artisanat d’art. Scientifique dans l’âme, elle a d’abord opté pour une carrière dans la recherche en biologie, avant de prendre, il y a quelques années, un virage à 180 degrés.
"J’ai toujours été attirée par l’art et les matières manuelles. Or, à l’époque, les métiers d’art étaient associés à la marginalité", se rappelle-t-elle. Pour "assouvir son envie de créer", elle se forme à la poterie et aux techniques d’émaillage, d’abord en autodidacte, puis dans des écoles spécialisées. Dans un second temps elle acquiert les techniques de tournage d'art sur bois dans une école renommée.
Aujourd’hui, Marie-Isabelle Mariey maîtrise son art et garde un lien avec l’univers des sciences. Les techniques qu’elle emploie requièrent des connaissances dans de nombreuses disciplines, dont la chimie tout en laissant place au hasard. "Chocs thermiques et enfumages produisent des effets non reproductibles" sur ses créations, à savoir des zébrures et motifs aléatoires. De quoi ne jamais s’ennuyer !
TROPHEE DU PLUS BEAU CHEF-D'OEUVRE
Sellerie Halais (Damouzy, 08)
Ce n’est pas la première fois que le savoir-faire d’exception d’Amélie Halais est primé. Lauréate du prix du meilleur artisan Grand Est de la BGE en 2016, elle a aussi été élue meilleur artisan régional d’art de France en 2017, et a remporté le Trophée des entreprises de Charleville-Mézières.
Le cuir, Amélie Halais l’a dans la peau. Passionnée d’équitation, la jeune femme s’est imposée dans le monde de la sellerie, très masculin, "car très physique". "Hélas, toutes les femmes ne peuvent pas travailler le cuir, cela implique des mouvements répétitifs qui sollicitent beaucoup les bras".
Son CAP de sellier-harnacheur en poche, Amélie Halais a travaillé un an chez Hermès, référence du secteur, où elle fabriquait des sacs de luxe. "Historiquement, cette marque est liée au monde de l’équitation", rappelle-t-elle. En juin 2015, Amélie décide de se mettre à son compte. Son activité est variée : elle crée et répare du matériel équestre, mais aussi de la maroquinerie, des laisses et colliers pour chiens et chats, ainsi que des articles sur-mesure.
Puis tout va très vite ! En l’espace de deux ans, elle se constitue une belle clientèle et innove… En septembre dernier, la sellière a fait breveter à l’INPI un filet pour cheval plus confortable pour l’animal et plus esthétique, doté d’un système anti-mouches non toxique. "Des capsules diffusent un produit progressivement, sans agresser le cheval", décrit-elle.
Amoureuse des Ardennes, Amélie Halais l’est aussi des produits français. "Mon cuir est fabriqué à Chamont, en Dordogne, les boucles viennent du Turquais, dans les Ardennes et le fil vient de Lille", énumère-t-elle. "Je suis fière de mes fournisseurs, alors je ne les cache pas, au contraire", insiste la sellière, qui est aussi "fière de transmettre un patrimoine". La France ne compte que 26 selliers-harnacheurs, tous détenteurs de rares compétences. "Ce que j’ai en moi, c’est un savoir-faire. La France fait partie des meilleurs selliers au monde, pourquoi ne pas le mettre en avant ?" interroge-t-elle.
Ce geste précis et accompli, Amélie l’a spécialement mis au service des Artisanales. Hommage au labyrinthe de la cathédrale Chartres, le motif complexe et régulier qu’elle a cousu sur un sac de cuir a conquis le jury Garance, qui lui a décerné le trophée du plus beau chef-d’œuvre. "Après prototypage, ce sac m’a demandé 25 heures de travail au total, dont 8 pour le labyrinthe", note-t-elle. "Ce trophée, c’est la valorisation et la reconnaissance de mon travail, et une véritable joie", salue-t-elle.
TROPHEE DU PLUS BEAU STAND
Entreprise Crespin, les Jardins de Lutz (Lutz-en Dunois, 28)
Une chose est sûre : fidèle au thème des Artisanales 2017, l’entreprise Crespin a "mis au vert" le pavillon Bâtiment !
Pari réussi pour l’entreprise Crespin ! Pour sa troisième participation aux Artisanales, le pépiniériste-horticulteur et paysagiste a mis les bouchées doubles pour présenter un espace des plus remarquables, qui lui a valu le trophée du Plus beau stand. "A chaque fois, nous avons essayé de faire quelque chose de très spécial. Mais cette année, on a voulu être encore plus originaux, à l’image de ce que l’on fait au quotidien", pose Christelle Crespin. Elle et son mari, Alexandre Crespin, ont repris ensemble les affaires familiales pour la troisième génération. Leurs entreprises sont au nombre de trois : une entreprise de production et de vente aux particuliers sur + de 10 000 m2 (pépiniériste-horticulteur), une entreprise de service à la personne (entretien des jardins) et une entreprise de paysagisme (parcs et jardins).
Pour "mettre en scène le végétal" et rendre hommage aux productions florales de l’entreprise, la cheffe d’entreprise n’y est pas allée avec le dos de la cuillère et a réuni ses salariés du bureau d’étude au terrain. "C’est un travail d’équipe. L’équipe pépinière, l’équipe entretien, l’équipe création : tous ont travaillé ensemble !", félicite-t-elle.
"Cheffe d’orchestre" de cette réalisation, Christelle Crespin a fait jouer le talent de ses salariés autour du contraste "intérieur-extérieur". L’idée étant de restituer l’art de "vivre le jardin à l’extérieur comme on vit dans une maison, avec ce côté cocooning et zen", décrit l’artisane.
Résultat ? Un stand très esthétique, aux harmonieux assemblages. Un nuancier de couleurs et de formes, véritable havre de verdure au sein du pavillon Bâtiment des Artisanales. Surmontée d’une sculpture animalière, une fontaine moderne à l’apaisant ruissellement invite les visiteurs à s’approcher. Plus loin, un ensemble de feuillages très graphique encercle un jardinet travaillé avec goût, entouré d’une structure très graphique et toute en courbe d’un rose vitaminé. A l’autre bout du stand, un coin "cosy" invite à la détente. Belle mise en abyme !
Cette création millimétrée a donc conquis le jury des trophées Garance. Pour Christelle et Alexandre Crespin comme pour les salariés, ce prix est synonyme de "fierté" et de "dynamisme". "Il prouve qu’on peut être petit et original", raisonne cette cheffe d’entreprise pétillante, qui a su fédérer ses équipes. Et de conclure : "Peu de gens mettent en avant le végétal, parce qu’ils ne le connaissent pas. Nous, nous le connaissons bien, nous sommes passionnés !"
Facebook : CrespinPaysagiste et CrespinLesjardinsdelutz
TROPHEE DE L'INVESTISSEMENT DANS LE DEVELOPPEMENT DURABLE
Karteko (Lacave, 46)
La démarche militante d'Angélique Silbernagel se conçoit comme une réponse à la surconsommation. Les valeurs intrinsèques de partage et d’écoresponsabilité de son entreprise lui valent d’être distinguée par le Trophée Garance du développement durable.
"Prouver que ce qu’on jette à la poubelle peut avoir une seconde vie" : tel est le leitmotiv d’Angélique Silbernagel. Attachée à des valeurs de partage et d’écoresponsabilité, cette magicienne de la matière récupère vinyles, tissus, laine… Et les sublime, en les transformant en sacs, bijoux, ou encore en lampes. A l’arrivée, les créations brillent comme un sou neuf et ont chacune leur identité. Difficile d’imaginer qu’elles sont le fruit de nos déchets. "Derrière chaque objet il y a une histoire", résume la fondatrice de Karteko.
L’artisane va elle-même chercher ses matières premières. Ses points de récupération sont variés : les tissus de ses sacs viennent d’Emmaüs, le vinyle et les capsules de café* de ses bijoux proviennent de déchèteries, et la laine de ses lampes de maisons de retraite… Rodée à l’exercice, elle perçoit le potentiel de chaque matière. Ce qu’un regard lambda ne voit pas, Angélique Silbernagel le percute en un instant. Exemple avec les bâches installées à l’entrée des Artisanales. "J’irai demander aux organisateurs si je peux les récupérer, je pourrais en faire des sacs", projette-t-elle.
A chaque étape, de l’idée à la conception, la démarche de Karteko se veut respectueuse de l’environnement. "Si je ne sais pas quoi faire d’une matière, je ne l’utilise pas. Je la propose à d’autres personnes ou redirige les gens vers d’autres interlocuteurs qui pourraient être intéressés". Car, dans un domaine où il est "tentant de s’éparpiller", "il y a tellement de possibilités qu’il faut se restreindre", admet la créatrice.
Aucune place n’est non plus laissée au hasard ou à la complaisance. Angélique met ainsi un point d’orgue à créer des prototypes. Elle teste ses créations. Salons, marchés artisanaux : autant d’occasions de recueillir l’avis des clients. Pour se faire connaître, Karteko emploie deux commerciales et multiplie les canaux de vente : plateforme, boutique en ligne.
Malgré son talent et sa démarche réfléchie, Angélique Silbernagel s’avoue "un peu surprise" d’avoir reçu le trophée développement durable Garance. "Je suis ravie, c’est une belle récompense… et pour un travail exécuté seul, ce qui n’est pas simple !"
*Pour en connaître la marque précise, merci de contacter un certain George Clooney.
La mutuelle Garance, ex-MNRA, est un partenaire historique des Artisanales !
Retrouvez ici le palmarès 2016 des Trophées.
Suivez Garance sur Facebook : GaranceMutuelle
- Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire
