La transition écologique, pour gagner « sur tous les coûts »
Nos habitudes évoluent
Convention citoyenne pour le climat, manifestations pour la défense de l’environnement, résultats enregistrés par les listes écologiques aux récentes élections municipales… Ces derniers mois, tout indique que les Français se sentent de plus en plus concernés par l’environnement, un enjeu fort qui influe désormais très clairement sur leurs comportements et choix de consommation.
Une tendance accentuée par la crise sanitaire de la Covid-19, qui a mis en évidence les limites de la mondialisation et les difficultés d’approvisionnement en démontrant ainsi l’intérêt de revenir à un modèle économique plus local, repenser nos modes de consommation, et rationaliser l'utilisation des ressources. Avec la pression croissante de l’Homme sur les ressources planétaires, leur raréfaction induit l’augmentation de leurs coûts, incitant les dirigeants d’entreprise à optimiser davantage la gestion de ces ressources, et faire mieux avec moins.
Le législateur s’est aussi emparé de la question, et fait évoluer les différentes réglementations qui précisent le cadre de cette indispensable transition. Une prise de conscience collective qui amène l’entreprise à s’interroger sur son impact sociétal et environnemental, l’obligeant à redéfinir ses pratiques dans le cadre de cette nouvelle économie "verte", dite circulaire. Un modèle économique encore parfois abstrait pour nombre de dirigeants d’entreprise. Produire plus sobrement en limitant l’impact environnemental depuis l’achat des matières premières jusqu’au produit fini, voilà une démarche responsable et vertueuse que l’artisan peut adapter à son entreprise, action qu’il valorisera auprès d’une clientèle de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux et de santé publique. L’opportunité de se mettre au vert se démontre aussi par l’accès aux marchés publics qu’il facilite à travers les clauses environnementales, de plus en plus présentes dans la commande publique.
La réglementation évolue
Tant au niveau de nos politiques nationales qu’européennes, évoluer vers une économie circulaire est l’un des objectifs officiels de la transition énergétique et écologique. Ainsi, la loi du 10 février 2020 relative à la Lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire définit les objectifs des grandes orientations : réduire les déchets et sortir du plastique jetable ; mieux informer le consommateur ; agir contre le gaspillage ; mieux produire ; lutter contre les dépôts sauvages. Pour l’artisanat, les mesures qui en découlent impacteront notamment les secteurs de l’alimentaire, de la production, de la réparation et du bâtiment (voir encadré). Opportunités pour certains, contraintes pour d’autres, ces dispositions seront quoi qu’il en soit applicables dans un futur proche. D’où la nécessité pour l’entreprise artisanale de les prendre en compte dès maintenant.
Le PASS durable pour franchir le cap
« On parle de transition écologique à tous niveaux. Ce sujet n’est plus seulement l’idéal de quelques personnes engagées », confirme Lucile Geyl-Hutschka, chargée de développement économique spécialiste du développement durable à la Chambre de Métiers d’Alsace. Au fait de la question environnementale pour l’artisanat alsacien, la CMA a créé ce poste en 2017, avec le soutien de l’Agence de la transition écologique (ADEME) et de la Région Grand Est, puis l’a renouvelé en 2019 en partenariat avec la Région, l’ADEME, l’Agence de l’eau Rhin-Meuse (AERM) et la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) dans le cadre d’une convention régionale signée avec la Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat (CRMA) Grand Est. Interlocutrice privilégiée des entreprises artisanales qu’elle accompagne dans leurs démarches de développement durable, l’experte de la CMA constate l’intérêt grandissant des artisans sur cette question. « Toutes les entreprises sont concernées par cette thématique. Chacune, à un stade ou à un autre de son process, gagne à être attentive à son impact sur l’environnement puisque l’optimisation de ses ressources aura aussi un effet direct sur ses coûts de production. » Faire du développement durable un levier économique pour l’artisan, c’est l’objectif du PASS durable de la Chambre de Métiers d’Alsace ! Déclinée à l’échelle du Grand Est par la CRMA et le réseau régional des Chambres de Métiers, cette offre de services (dont le coût est pris en charge par la CMA grâce au soutien financier des partenaires du programme) propose différentes prestations, telles que :
- une sensibilisation environnementale (apporter à l’entreprise, dans son secteur d’activité, des informations liées à l’énergie, l’eau, les déchets, le gaspillage alimentaire, sensibiliser les apprentis et les futurs artisans, etc.) ;
- un diagnostic éclairage (dresser un état des lieux, préconiser des solutions adaptées pour valoriser les produits, maintenir un bon niveau d’éclairage en respectant la réglementation tout en réduisant les charges liées à la consommation électrique) ;
- un diagnostic environnement (faire le point sur la situation de l’entreprise au regard de l’environnement, valoriser les bonnes pratiques, lister les points d’amélioration) ;
- un accompagnement « optimisation multi-flux », dans le cadre du dispositif de l’ADEME « TPE & PME gagnantes sur tous les coûts » (diagnostic complet de l’entreprise avec identification des pertes cachées en énergie, eau, matières premières, déchets, et évaluation des coûts qu’elles génèrent, proposition d’actions avec un retour sur investissement rapide).
Quelles aides financières ?
Mettre en place des stratégies d’investissement et de gestion durables, changer pour des solutions d’optimisation propres, innovantes et rentables… la recherche de solutions est souvent complexe, et représente un effort financier pour l’entreprise. Aussi faut-il savoir que différentes actions liées à la transition écologique peuvent bénéficier d’aides financières (voir encadré). Pour s’y retrouver, les artisans peuvent profiter de l’accompagnement technique et financier du PASS durable de la CMA pour les conseiller dans leurs démarches, les orienter vers les bons interlocuteurs et les accompagner dans le montage des dossiers de demande d’aide.
Vers une mobilité plus durable
S’engager dans une démarche de développement durable, c’est aussi réfléchir aux questions de mobilité. Concrètement, de nombreuses options s’offrent au chef d’entreprise artisanale ! Par exemple, optimiser ses déplacements professionnels, pourquoi pas grâce à un logiciel de gestion de sa flotte de véhicules. Ou encore opter pour une motorisation plus verte (hybride, électrique, gaz naturel ou hydrogène), moins puissante et moins consommatrice. Autre piste : le dirigeant peut encourager ses collaborateurs à recourir à des moyens de transport alternatifs (transports en commun, covoiturage, vélo). L’artisan doit aussi s’adapter aux contraintes de plus en plus strictes de la circulation différenciée. C’est le cas notamment dans l’Eurométropole de Strasbourg : restrictions des conditions de livraison au centre-ville ; vignette Crit’air obligatoire pour la zone à circulation restreinte conditionnant les déplacements en cas de pics de pollution ; mise en place prochaine de la zone à faibles émissions limitant de manière permanente les accès aux véhicules les plus polluants. Pour certains artisans intervenant en ville, pourquoi ne pas tester la solution vélocargo adaptée à leurs besoins (concept que présentera l’Eurométropole de Strasbourg à l’Expo du Vélo, les 10 et 11 octobre 2020) ? Prime à la conversion, bonus écologique, exonération de taxes, déduction fiscale de l’amortissement… les aides en faveur du changement de motorisation et le renouvellement par un véhicule de classe environnementale basse (Crit’air 0 à 2) sont nombreuses. Les entreprises peuvent également bénéficier d’une aide financière à l’installation, sur leur parking, de bornes de recharge électrique pour leurs salariés et clients. Et, lorsque des véhicules sont indispensables pour l’activité de l’artisan, celui-ci peut s’équiper d’un logiciel de gestion de flotte, comme l’a fait l’entreprise de Peinture Kleinmann à Brumath (qui compte 25véhicules et une cinquantaine de salariés). Il y a 6 ans, son gérant, Guy Kleinmann, a choisi de recourir à un système de géolocalisation, qui lui a permis de réaliser de substantielles économies de carburant et d’entretien des véhicules. « La première année, nous avons fait 9 000 € d’économie de carburant sur une facture annuelle de 70 000 €. Ce que nous avons économisé a été réinjecté en primes. Cela nous a aussi permis de sensibiliser nos salariés sur les questions de sécurité routière, car le système génère des rapports de conduite, et donc d’avoir moins d’accidents », témoigne Guy Kleinmann. Ce dernier envisage d’aller encore plus loin, projetant d’utiliser un logiciel d’optimisation de tournée et d’acheter des véhicules hybrides, pour faire davantage d’économies et préserver l’environnement. Pour les entreprises artisanales, les motivations et les solutions pour s’engager dans l’indispensable transition écologique sont nombreuses. Une démarche gagnante sur tous les coûts avec le soutien de la Chambre de Métiers d’Alsace, qui dispose de toute l’expertise pour accompagner les artisans !
Votre conseillère CMA : Lucile Geyl-Hutschka
Chargée de développement économique
Développement durable. Tél. : 03 89 20 26 79.
07 60 46 67 21. E-mail : pass-durable@cm-alsace.fr
Zoom sur l’impact des mesures pour l’artisanat
Alimentaire
Sortie du plastique jetable ; mise en place de la responsabilité élargie du producteur sur les emballages de la restauration en 2021 ; vente en vrac ; réduction du gaspillage alimentaire ; valorisation des biodéchets obligatoire fin 2022 ; etc.
Production
Mise en place de la responsabilité élargie du producteur sur différents objets d’ici 2022 ; obligation de l’intégration d’un taux minimal de matières recyclées dans certains produits ; etc.
Réparation
Mise en place d’un indice de durabilité ; recours aux pièces issues de l’économie circulaire et futur fonds de la réparation créé par les éco-organismes ; etc
Bâtiment
Mise en place de la responsabilité élargie du producteur sur les matériaux de construction ; diagnostic ressources lors de la démolition/réhabilitation ; limitation de l’utilisation
de l’eau potable ; etc.
Le label Éco-Défis
Le label Éco-Défis des artisans et artisans-commerçants est un label environnemental national qui est déployé au bénéfice des artisans, via une convention territoriale signée entre une collectivité et la CMA. Dans le Grand Est, il est déjà proposé par la CMA de la Moselle, notamment sur la métropole de Metz, et il sera prochainement déployé sur des territoires alsaciens. Pour l’obtenir, les artisans doivent réaliser un certain nombre d’actions concrètes et mesurables, définies avec l’expert de la CMA. Attribués après étude par un comité, les labels sont remis aux artisans lors d’une cérémonie au cours de laquelle leur est remis un kit de communication pour valoriser leur engagement auprès du grand public.
Zoom sur les dispositifs d’aides financières
▶ Les aides dédiées à la transition énergétique et écologique des entreprises du programme partenarial Climaxion de la Région Grand Est et de l’ADEME (optimisation de la gestion de l’eau, l’énergie, les matières premières, les déchets, diminution des pollutions, nouveaux modèles économiques…).
▶ Les Certificats d’économies d’énergie (CEE) permettent aux entreprises qui réalisent des travaux d’économie d’énergie de bénéficier de primes auprès des fournisseurs d’énergie.
▶ L’aide " Préparation au tri et à la valorisation organique des biodéchets des professionnels ", destinée aux artisans du Grand Est qui mettent en place volontairement (hors obligation règlementaire) le tri de leurs biodéchets. Cette nouvelle aide forfaitaire à l’investissement (équipements, communication, formation du personnel…) de l’ADEME est sous condition d’un accompagnement technique de la CMA .
▶ Économies d’eau, technologies propres, prévention ou réduction des risques de pollution, épuration, gestion des eaux pluviales… L’AERM facilite les actions des entreprises artisanales grâce à des aides pouvant représenter jusqu’à 60 % du montant de l’investissement.
Le label Répar’acteurs
Dans une société de consommation où le rachat à neuf prédomine, certains artisans ont choisi de prendre le contre-pied et prônent le credo : « réparer plutôt que de jeter ». Pour plus de visibilité, ces artisans (déjà référencés à l’annuaire national de la réparation) peuvent obtenir le label Répar’acteurs délivré par la CMA, qu’elle développe aussi en partenariat avec des territoires, comme c’est le cas actuellement avec l’Eurométropole de Strasbourg. En Alsace, plusieurs artisans arborent déjà ce label. C’est le cas de Marie-Ange Dietrich, à la tête de l’enseigne Fil d’Ange à Cernay. Elle y vend des machines à coudre, mais elle y fait surtout de la réparation. « Une machine à coudre peut coûter très cher, donc tant qu’on peut réparer, on le fait. Parfois, il suffit d’une petite pièce et c’est reparti ! », explique cette couturière de métier, dont le technicien « aime les défis et ne renonce jamais avant d’avoir réussi à réparer une machine ». Autre métier – mais démarche identique – à la bijouterie-joaillerie Greulich, à Strasbourg, qui a fait de la réparation et la transformation de bijou sa spécialité depuis sa création en 1948. Arnaud Greulich, petit-fils du créateur de l’entreprise familiale et actuel gérant, confirme cette demande des clients de consommer autrement. « Réparer, faire de nouvelles pièces à partir d’anciens bijoux, est notre cœur de métier. Les gens conservent ainsi ce lien affectif à l’objet tout en ayant quelque chose de neuf et d’unique », témoigne-t-il. L’artisan souligne par ailleurs l’intérêt du label Répar’acteurs qui permet « de valoriser l’emploi et les savoir-faire locaux ». Vladimir Oswald, quant à lui, lutte contre l’obsolescence programmée en réparant ordinateurs, smartphones et tablettes. Avec son ITruck, un atelier ambulant, le jeune entrepreneur sillonne les routes d’Alsace à la rencontre de ses clients. « Notre mission est de réparer, et surtout de permettre à des gens qui vivent éloignés d’une grande ville, de pouvoir faire réparer leur appareil », explique Vladimir. Son engagement va plus loin puisqu’il utilise également un optimisateur de tournée pour ses trajets en camion, un véhicule qui est équipé de panneaux solaires dont l’énergie permet à Vladimir de travailler dans son atelier, et même de proposer à ses clients de recharger leur téléphone. Un exemple de cercle vertueux !
Pour aller plus loin :
Participez à nos webinaires dédiés : www.services.cm-alsace.fr
Réalisez votre auto-diagnostic, consultez notre offre de services PASS durable :
www.cm-alsace.fr ■ www.crma-grandest.fr
Renouvelez votre label Imprim’Vert : lgeyl@cm-alsace.fr ■ www.climaxion.fr
■ www.eau-rhin-meuse.fr ■ www.ADEME.fr
- Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire