Alexandre Jardin a foi en l'apprentissage

Le Monde des Artisans : Comment percevez-vous le secteur de l’artisanat ?

Alexandre Jardin : C’est l’un des rares secteurs dans lequel la promotion sociale est réelle. Alors que notre société est complètement bloquée. Quand je me suis promené dans les CFA et que j’ai demandé qui souhaitait se mettre à son compte, la moitié a levé la main. De plus en plus de jeunes viennent à l’artisanat par passion et parce qu’ils ont envie d’entreprendre. Ce qui m’a le plus frappé, c’est la fierté qu’ils éprouvent. C’est lié à une logique intrinsèque au métier : à la différence d’un job ou des diplômes, un métier c’est beaucoup plus qu’un travail. L’apprentissage est une des grandes solutions pour l’emploi des jeunes dans notre pays.

« L’apprentissage est une des grandes solutions pour l’emploi des jeunes dans notre pays »

LMA : Quel est le projet que vous avez initié avec votre mouvement Bleu Blanc Zèbre et l’URMA ?

A.J. : Au sein du mouvement des Zèbres, nous rassemblons les "faizeux". Pour moi, les artisans qui s’engagent pour l’apprentissage en font partie. Ils se prennent en charge, en dehors de toute considération politique et imaginent une solution pragmatique.Nous essayons fréquemment de créer des coopérations entre Zèbres. Là, cela concerne l’Agence pour l’éducation par le sport qui socialise les jeunes des quartiers difficiles via des clubs sportifs. Nous avons décidé d’en faire un portail pour l’emploi. L’objectif est de rapprocher ces lieux et l’Université des Métiers. L’expérimentation a commencé dans le Nord avec un moment d’échange entre les jeunes, les coachs sportifs et les artisans formateurs des CFA. Tous ces jeunes ont été assez bluffés par les artisans qui ont pris la parole, ils leur ont parlé d’égal à égal.

LMA : Pourquoi les CFA peinent-ils à trouver des candidats selon vous ?

A.J. : Les CFA manquent de candidats car l’Éducation nationale fait tout pour que les jeunes n’aillent pas vers ces filières. Le système scolaire rêve de 80% de bacheliers, mais il vaut mieux avoir un métier. Soit on le déplore et cela ne sert à rien, soit on se retrousse les manches. Cependant, faire évoluer la culture de l’Éducation nationale est un chantier trop ambitieux. Nous pouvons créer ensemble des politiques publiques sans passer par les pouvoirs publics si ce genre de partenariat se généralise. Pour moi, soit il y a un sursaut civique, soit cela va exploser.

* L’Université Régionale des Métiers et de l’Artisanat.

BIOGRAPHIE

1980 Mort de son père, Pascal Jardin, écrivain.
1986 Parution de son premier roman, Bille en tête, à 21 ans.
1999 Création de « Lire et faire lire ».
2014 Fondation du mouvement « Bleu Blanc Zèbre »

==> RETROUVEZ CETTE INTERVIEW DANS LE NUMERO 112 DU MONDE DES ARTISANS