Territoires

Georges Bell, président de la CMA Grand Est Aube

Le 12/10/2022
par CMA 10
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Qu’en est-il du recrutement dans l’artisanat et quel est votre regard ?

Georges Bell : Selon le dernier baromètre de l’U2P (Union des entreprises de proximité), 21 % des entreprises de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales ont réalisé au moins une embauche au premier semestre 2022.

C’est mieux qu’en 2021. Compte tenu de la vague Omicron, de la guerre en Ukraine et de l’inflation, je trouve que c’est plutôt encourageant.

Malgré tout, près de 35 % des entreprises ont été confrontées à des difficultés de recrutement. Un des points noirs reste le secteur du bâtiment avec un taux d’embauche en baisse.

On manque aussi de cuisiniers et plus généralement de personnel dans la restauration. L’absence de candidatures est la principale difficulté, avec les problèmes de qualification.

Comment les entreprises gèrent-elles cette situation ?

G. B. : Les artisans sont résilients. Ils l’ont largement prouvé pendant la crise sanitaire. Nos entreprises artisanales ne s’arrêtent pas de travailler quand elles ont un souci de personnel.

Elles trouvent des solutions pour s’en sortir : réorganisation du temps de travail, optimisation des tâches. Parfois, elles doivent malheureusement réduire leur activité faute de main-d’œuvre, alors que le travail est là.

Est-ce que vous voyez néanmoins des signaux positifs pour l’avenir ?

G. B. : Nous l’avons constaté lors de notre Salon reconversion en mai et de notre Salon création-reprise fin septembre, il y a de plus en plus de porteurs de projets et de nouveaux venus dans l’artisanat.

Les reconversions créent de nouveaux emplois. Ce sont des gens qui viennent de tous horizons, parfois des anciens cadres qui veulent redonner du sens à leur vie personnelle et professionnelle grâce à l’artisanat.

On est en plein dans le choix d’un métier passion et de proximité !

Vous semblez dire que s’il y a des problèmes de recrutement, c’est aussi parce que le secteur de l’artisanat est attractif ?

G. B. : Si on veut voir du positif dans la situation actuelle, oui. Les métiers de l’artisanat sont en tension, car ce sont des métiers qui attirent. La majorité des créations d’entreprises sont aujourd’hui en microentreprises.

Mais au bout d’un ou deux ans, elles doivent grandir. Pour se développer, elles changent de statut pour embaucher. Avec plus d’entreprises qui recrutent, plus de reconversions, et en même temps un taux de chômage en baisse, forcément, à un moment on a des difficultés.

Quelle est la clé pour trouver le bon équilibre ?

G. B. : Il faut se réinventer face aux évolutions des mentalités. Il y a une quarantaine d’années, le travail était la première préoccupation d’un ménage. Aujourd’hui, c’est le temps passé en famille et les loisirs.

Une des conséquences est que l’on reste moins longtemps dans un poste qu’auparavant. Les entreprises artisanales doivent s’adapter à ce turnover régulier. Il faut aussi travailler avec les associations d’insertion, les missions locales...

La CMA Grand Est #Aube s’associe au conseil départemental pour faire changer le regard sur les allocataires du RSA et leur permettre de se réinsérer dans le monde professionnel.

Avant de les embaucher, on peut les prendre en stage, trouver des parrains... Enfin pour l’avenir, la réponse principale à ces problèmes de recrutement est bien sûr la formation.

Je suis heureux de pouvoir m’investir pour poursuivre le dynamisme du premier centre de formation en alternance du Grand Est.

Vous êtes justement président d’Alméa Formations Interpro depuis fin mai...

G. B. : Je suis heureux de pouvoir m’investir pour poursuivre le dynamisme du premier centre de formation en alternance du Grand Est.

Au sein de l’ex-Champagne-Ardenne, Alméa forme près de 5.000 apprentis et étudiants, dans plus de 25 métiers et 80 formations.

Je travaille de concert avec toutes les équipes d’Alméa afin de convaincre les jeunes et leurs parents de choisir l’apprentissage pour commencer leur vie dans l’artisanat.

Nos recrues de demain sont nos apprentis d’aujourd’hui !

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