Lancement du programme européen de mobilité des apprentis
Apprentis et globe-trotters ! Initié par l'association Euro App' (European Apprenticeship Programme), le programme européen de mobilité des apprentis a été officiellement inauguré les 20 et 21 septembre derniers à Bruxelles, devant le Parlement européen.
Destiné aux jeunes de niveau V et IV (CAP et Bac Pro), ce programme d'envergure doit permettre aux apprentis d'étudier dans un autre pays de l'U.E., dans le cadre de leur contrat d’apprentissage. A l'inverse d'Erasmus+ (28 jours d'échange), il s'agit d'un programme long (entre 6 et 12 mois).
D'octobre 2016 à juin 2017, 145 jeunes (dont 75 apprentis français) vont se prêter à l'expérience dans douze pays de l'Union européenne. A l'heure actuelle, cet "Erasmus de l'apprentissage" est porté par un consortium de 33 centres de formation, dont 16 CFA français, chapeauté par les Compagnons du Devoir et du Tour de France. La Commission européenne a financé le projet à hauteur de 1,8 million d'euros.
Un tremplin vers l'emploi
A l'origine du projet, l'eurodéputé et président de la Commission des Budgets Jean Arthuis voit en cette initiative une manière de favoriser l'intégration des apprentis sur le marché de l'emploi. "Les étudiants qui ont bénéficié d'une bourse Erasmus et accompli une année d'études hors de leur pays d'origine se protègent mieux contre le risque du chômage", a-t-il ainsi rappelé.
Or, ce qui est vrai pour les étudiants de l'enseignement supérieur l'est aussi pour les jeunes en apprentissage. Cette voie recueille d'ailleurs l'assentiment des institutions européennes, comme le confirme le président d'Euro App, Antoine Godbert : "nous n'avons plus à prouver que l'apprentissage est un élément-clé pour les formations de demain, en particulier pour l'acquisition de compétences et la création d'entreprises."
Accroître l'estime de soi
Le bénéfice dépasse en effet de loin l'accès à l'emploi. Etudier à l'étranger, découvrir une nouvelle culture, participe d'un mécanisme de socialisation et d'intégration éminement structurant pour les jeunes apprentis. "Pour un apprenti, partir à l'étranger permet de revaloriser l'estime de soi, parfois corrodée par l'appréciation qu'on a pu lui donner dans l'enseignement général, avant qu'in l'arrive en apprentissage", souligne Antoine Godbert. En somme, les apprentis mûrissent et gagnent en autonomie. De plus, "la capacité de travailler en équipe diversifiée s'en trouve décuplée".
Quid de l'apprentissage de la langue? "Ce n'est pas une barrière à l'entrée. En six à douze mois, les compétences linguistiques ont le temps d'être améliorées. Une fois que les apprentis sont au contact de leurs nouveaux camarades, des liens se créent et le dialogue se fait naturellement", pose le président d'Euro App'.
Durant les deux jours de travaux à Bruxelles, les acteurs impliqués se sont penchés sur le cadre juridique et les conditions d'accueil de ces jeunes : statut de l'apprenti, protection sociale, hébergement, etc... A terme, l'objectif est d'aider à une convergence entre les pays membres, via un "contrat d'apprentissage unique européen".
Convaincre les entreprises d'accueillir des jeunes
Pour être couronné de succès, le programme devra être soutenu sur le terrain. "Il va falloir, au-delà de la mobilisation institutionnelle, fédérer les petites entreprises et convaincre sur tous les territoires que cette acquisition de compétences à l'étranger n'est pas une déperdition de qualité", expose Antoine Godbert.
Dans cette dynamique de promotion de la mobilité, les acteurs de l'artisanat ont un rôle à jouer, en favorisant les échanges entre centres d'apprentissage. Certains jumelages entre chambres de métiers ont ainsi donné l'exemple il y a déjà quelques années. En juin dernier, un accord a en outre été signé entre l'OFAJ et les réseaux allemand et français des chambres de métiers, visant à développer de nouvelles opportunités de projets de mobilité à l’échelle européenne.
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