Grand entretien

L'artisanat en action !

Le 27/01/2021
par CMA Moselle
Après une année 2020 bien complexe, les 20.000 entreprises artisanales de Moselle ont redémarré 2021 avec espoir et ambition. Secrétaire Général de la CMA 57, Dominique Klein, nous explique comment la CMA 57 les accompagnera.
Partager :

Le Monde des Artisans : La CMA 57 a joué un rôle majeur dans le soutien des artisans en 2020. Que pouvez-vous faire de plus en 2021 que vous n’ayez déjà pas entrepris ?

Dominique Klein : En 2020, les équipes de la CMA57 se sont entièrement consacrées pour répondre aux situations d’urgence dans lesquelles les entreprises ont été confrontées. Plus de 15.000 contacts ont été assurés pour les conseiller et les accompagner. Si le moment de l’effroi et de la stupéfaction est passé aujourd’hui, il nous faudra en 2021 renforcer encore cette présence. En premier lieu, nous ferons en sorte de détecter le plus en amont possible les fragilités qui pourraient constituer un danger pour l’avenir des entreprises, puis nous leur apporterons des solutions concrètes. En second lieu, nos conseillers proposeront tous les dispositifs d’accompagnement que l’Etat, le Conseil Régional et les collectivités locales ont décidé de déployer pour les soutenir. Enfin, nous serons là aussi pour guider et orienter vers des outils qui permettront aux artisans de s’adapter à un environnement profondément modifié et aux nouvelles attentes de leurs clients. Les thèmes du numérique, de l’innovation et du développement durable seront au centre de ces stratégies. Tout ce travail est d’ores et déjà engagé.

Le Monde des Artisans : La vitalité de l’artisanat mosellan passe aussi par le renouvellement du secteur et par la formation de nouveaux apprentis. Comment réussir à convaincre alors même que les occasions de rencontres (salons, forums…) ne se tiennent plus ?

Dominique Klein : Je veux tout d’abord saluer l’engagement des artisans dans l’accueil des jeunes. Malgré une situation complexe et les incertitudes qui pèsent sur leur activité, ils se sont engagés avec conviction dans la formation d’apprentis. Ainsi, nous avons observé une hausse des effectifs dans toutes les sections des CFA de notre Campus des Métiers de Moselle. C’est un résultat inattendu qui a aussi été, sans aucun doute, rendu possible grâce aux décisions de l’Etat mettant en œuvre une politique de soutien adaptée. Mais nous ne devons pas nous satisfaire de ces bons résultats et allons continuer nos efforts de promotion des métiers. Avec le soutien de la Région Grand Est, nous développons de nouveaux outils de contacts avec les jeunes en nous appuyant sur des outils digitaux. Salons et visites virtuels, webinaires, visio-conférences, messages ciblés sur les réseaux sociaux… tous nos moyens sont mobilisés pour convaincre les jeunes et les moins jeunes. En plus, nous irons cette année davantage au contact des entreprises. Notre équipe de développeurs d’apprentissage sera sur le terrain pour convaincre de nouvelles entreprises de faire confiance à l’apprentissage pour assurer leur développement futur et le redémarrage de leur activité. Notre mobilisation sur cet objectif sera totale.

Le Monde des Artisans : Au cours des dernières années la CMA 57 a porté de nombreux projets d’investissement pour moderniser et adapter ses outils de formation et de conseil. Dans ce contexte particulièrement complexe, maintenez-vous vos ambitions pour 2021 ?

Dominique Klein : Oui et cela sans aucune hésitation. Les élus de la CMA 57 ont fixé un cap ambitieux il y a 4 ans. Pour leur dernière année de mandat, ils ont décidé de ne rien changer à cette ambition et de doter l’artisanat mosellan des outils et services les plus performants. En 2021, nous allons donc porter de nombreux projets d’investissements. Les plus importants concerneront notre Campus des Métiers de Moselle, notamment dans son CFA de Forbach où le « Pôle de formation automobile » bénéficiera d’un développement conséquent et où une vaste opération de rénovation sera engagée. Le CFA de Metz ne sera pas en reste avec la finalisation des travaux de modernisation de nos laboratoires de boulangerie et de pâtisserie qui étaient devenus trop exigus au regard de la forte évolution des effectifs d’apprentis dans ces métiers.  Cette opération concrétisera le grand projet de « Pôle d’excellence des métiers de bouche » initié en 2017 et qui a conduit à la construction d’un bâtiment dédié à la boucherie, charcuterie-traiteur ainsi qu’à la poissonnerie. Nous rénoverons enfin les espaces accueil-conseil de nos Pôles des Métiers de Thionville et Forbach à l’image de ce qui a été fait à Metz en 2020. Cette stratégie intensive d’investissement, outre le fait qu’elle dote l’artisanat d’équipements modernes et adaptés, est aussi pour nous une façon de participer au soutien à l’activité des entreprises et à la relance. Nous participons ainsi directement à l’économie régionale et départementale.

Le Monde des Artisans : Assez paradoxalement le nombre de création d’entreprises en Moselle continue de progresser malgré le contexte difficile. Comment l’expliquez-vous ?

Dominique Klein : Lors de fortes crises économiques ou de bouleversements majeurs de l’environnement sociétal, l’artisanat joue toujours un rôle de régulateur et de secteur refuge. C’est une constante que j’ai pu observer au cours de mes 30 ans de service dans le secteur des métiers, tant au moment des grandes mutations industrielles qu’a connues notre région qu’au cours de la crise financière de 2008. Dans ces moments difficiles, les valeurs véhiculées par l’artisanat rassurent et incitent à l’initiative. Son enracinement aux territoires, sa proximité, sa personnalisation et ses rapports aux clients… tout ceci prend une nouvelle dimension et encourage la concrétisation des projets. La crise sanitaire a sans aucun doute encore renforcé l’idée que ce qui est proche est rassurant pour les clients. L’économie de proximité a une carte formidable à jouer dans ce contexte. Cela stimule les créations d’entreprises. C’est une réponse du marché à une demande de plus en plus forte. Une autre explication vient aussi de la crainte de salariés qui décident de prendre leur destin en main. Ils ne veulent plus être tributaires de décisions stratégiques de groupes dont les centres de décisions sont souvent éloignés et dont les objectifs de profitabilité s’éloignent parfois des considérations humaines. Or dans l’artisanat, l’homme et le projet ne font qu’un. L’engouement pour le secteur artisanal se renforce donc toujours en période de crise.

Partager :