Point de vue : Jean-Paul Daul, président de la CMA Grand Est Meurthe-et-Moselle

Quelles sont les perspectives pour les artisans meurthe-et-mosellans ?

La Meurthe-et-Moselle compte 17.272 artisans en 2022, contre 16.103 en 2021 et 14.634 en 2020. La période est difficile en matière de recrutement, nous savons que les mois à venir seront encore tendus.

Nous allons toutefois trouver des solutions pour pallier le manque de personnel en réorganisant et en optimisant le temps dans l’entreprise.

La situation est amenée à se rétablir et nous sommes engagés aux côtés de nos salariés et pour satisfaire nos clients.

En 2020 et en 2021, les résultats dans le bâtiment ont été très bons. 2023 sera sans doute plus complexes. Les entreprises trouvent en effet des difficultés à s'approvisionner et ainsi garantir des prix, honorer leurs devis. 

Les budgets pourront être revus, notamment dans le cadre de la commande publique, et tout l’enjeu des collectivités dans les prochains mois est de choisir le maintien ou le décalage de leurs projets.

La question des investissements devra également être posée. Certaines formations nécessitent des plateaux techniques coûteux, cette charge, comme la coordination des financeurs, doit être précisée et prise en compte.

La reconversion se développe

De leurs côtés, les particuliers vont sans doute s’attacher à privilégier les travaux essentiels.
Il y a des problèmes de recrutement, aucune entreprise ne me dit le contraire. Mais ça peut aussi être vu dans le bon sens.

Cela peut s’analyser également comme le fait que nos entreprises et notre secteur sont effectivement booster de l’économie.

L’année dernière, le nombre de créations d’entreprises en Meurthe-et-Moselle, notamment des entreprises individuelles, s’établit à 1.146 nouvelles immatriculations.

Le solde reste positif malgré des entreprises en cessation d’activités. Tout cela est bon signe pour l’artisanat. Nous sommes nombreux à nous développer, à nous reconvertir et à rechercher les mêmes profils avec des compétences similaires. Avec la baisse du nombre de demandeurs d’emploi, il nous faut nous orienter vers de nouvelles formes de coopération productive.

En parallèle, la reconversion de beaucoup de profils de cadres ou de personnes qui ont envie de donner du sens à leur travail et de faire un « métier passion », se développe de plus en plus. Nous constatons une nouvelle tendance : parmi les néoruraux, il y a de nombreux néoartisans !

Ce qu’il faut retenir, c’est que les métiers de l’artisanat sont depuis toujours acteurs de l’emploi de proximité.

À présent, nombre de nos concitoyens aspirent à une nouvelle vie, de nouveaux challenges, et notamment au bien-être, à un travail près de chez eux ou à leur domicile, une vie plus écoresponsable ; et ainsi réduire leurs déplacements, consommer local. Et l’artisanat répond à ces nouvelles envies.

À ce titre, pour toutes les personnes en réflexion sur une possible reconversion, le réseau des CMA est mobilisé depuis déjà plusieurs années, conseille, propose des formations, en s’appuyant notamment sur la dynamique vertueuse de l’apprentissage, la révision des aides versées aux employeurs tout comme la révision des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage.

Prendre quelques heures avec nos conseillers en développement économique et formation, c’est ainsi gagner du temps, et en même temps plusieurs centaines ou milliers d’euros quelques mois plus tard.

Ils vous accompagnent de façon personnalisée pour identifier vos besoins et vous orientent vers les actions à mettre en œuvre.

Nous avons d’ailleurs à cœur de valoriser les entreprises par l’obtention de titres, tels que celui de maître artisan par exemple. C’est une belle opportunité pour augmenter sa visibilité et séduire un nouveau public.

La formation initiale et continue est également un enjeu collectif. Elle peut aussi bien permettre à des jeunes de trouver leur voie et à des salariés de monter en compétences, de s’investir dans de nouveaux projets au sein de nos entreprises, voire de faire le choix entrepreneurial.

Repenser nos méthodes de travail, préserver nos savoir-faire, c’est ainsi que nous pourrons accompagner le dynamisme de l’artisanat !

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