Recrutement

Prime de 6.000 euros pour l’apprentissage : « une fausse bonne nouvelle » selon CMA France

Le 08/12/2022
par Cécile Vicini
Dans un communiqué publié ce jeudi 8 décembre, le réseau des CMA a fait part de son scepticisme sur la prime unifiée à 6.000 euros, qui avait été annoncée par Olivier Dussopt, ministre du Travail, quelques jours plus tôt. Cette prime, versée à toutes les entreprises pour les contrats conclus avec un alternant du 1er janvier au 31 décembre 2023, pour la première année d’exécution du contrat, ne fait pas l’unanimité.
Partager :

La mise en place des primes exceptionnelles, qui, pour rappel, avaient été déployées au moment de la crise sanitaire, étaient limitées dans le temps. En ce sens, CMA France déclare ne pas pouvoir souscrire au principe de cette prime unifiée.

« Force est de constater que derrière l’effet d’annonce, les conséquences concrètes de cette décision sont préoccupantes. Cette mesure s’avère en réalité défavorable aux entreprises artisanales qui embauchent pourtant chaque année près de 176.000 apprentis sur des métiers en tension. » Joel Fourny, président de CMA France.

Pour rappel, le réseau des CMA forme actuellement 110.000 apprentis sur l’ensemble de l’hexagone, dont 90 % prépare un diplôme de niveau 3 et 4, réputés être les diplômes à valeur ajoutée la plus forte, en matière d’insertion professionnelle des jeunes. 46 % de ces apprentis ont moins de 18 ans et 80 % des jeunes diplômés sont en emploi après sept mois.

Quels sont les points de désaccord ?

Le montant alloué (6.000 euros) est inférieur aux aides versées aux entreprises artisanales avant la crise sanitaire :

En effet, les entreprises de moins de 250 salariés, bénéficiaient alors d’une aide ciblée sur trois ans :

  • 4.125 € la première année ;
  • 2.000 euros la deuxième année ;
  • 1.200 euros la troisième année.

Si l’aide unique pré-covid est comparée à cette prime unifiée, les entreprises perdront 125 euros pour un contrat de deux ans et 1.325 euros pour un contrat de trois ans.

Alors quelles sont les conséquences de cette baisse pour les entreprises ? Selon CMA France, ces pénalités risquent de réduire les aides déjà attribuées aux entreprises artisanales, et affecter, in fine, les formations et l’accès à l’emploi.

« En clair, la nouvelle prime unifiée vient réduire l’aide attribuée à certaines entreprises artisanales. Il s’agit là d’une véritable régression, alors que de nombreux métiers sont en tension et peinent à recruter, dans un contexte ou une grande partie de nos entreprises sont déjà fragilisées par la crise. Cette différence s’amplifie encore pour les entreprises qui font le choix d’embaucher un majeur. C’est une fausse bonne nouvelle pour nos entreprises qui forment pourtant 1 apprenti sur 4 », a ajouté Joël Fourny.

Rétablir les aides initiales

Pour permettre un meilleur maintien des aides dans les entreprises, CMA France demande la prise en compte de plusieurs points :

  • La valeur ajoutée pour l’emploi des jeunes ;
  • Les niveaux et les coûts réels de la formation, y compris en tenant compte de certains particularismes comme ceux de l’Outre-mer et de la problématique de la vie chère ;
  • L’enjeu que représentent certaines formations en matière de préservation de savoir-faire parfois menacés de disparition.

« Une vision d’économie court-termiste »

« Une fois encore, l’État privilégie une vision d’économie court-termiste qui favorise de nouveaux acteurs (en dehors du secteur de l’artisanat) au détriment d’une vision réellement stratégique de l’apprentissage », précise Joël Fourny.

En conclusion, le réseau des CMA demande au gouvernement de rétablir, pour les entreprises de moins de 250 salariés, les montants prévus par l’aide unique pour la deuxième et la troisième année, et de garantir la pérennité de cette aide au-delà de l’année 2023.

Partager :