Vitraillistes : d’hier comme d’aujourd’hui
« Nous faisons à 70 % de la restauration de vitraux de monuments historiques et à 30 % de la restauration de patrimoine privé ainsi que de la création pour des particuliers », pose Élodie Vally, vitrailliste au sein de la vénérable Maison Lorin, située à Chartres (trois personnes, 6e génération de verriers sur place), ville dont la cathédrale arbore des vitraux dont les plus anciens sont du XIIe siècle.
Jean-François Lagier, directeur du Centre international du vitrail (CIV), à la fois centre de formation professionnelle continue, lieu d’animations et musée du vitrail, le confirme : « Les entreprises se spécialisent ; certaines ne font que de la création (si elles ne sont pas formées pour le patrimoine) ; les gros ateliers font principalement de la restauration ».
Une créativité sans borne
« En création, on nous demande beaucoup de doubles vitrages, nous devons adapter nos techniques », explique Élodie Vally.
Le savoir-faire reste traditionnel, « mais on le modernise en intégrant à notre métier les techniques de décoration du verre (gravure, déformation du verre à chaud) et en créant des objets (luminaires, paravents…). »
Dans la partie « musée » du CIV, on découvre des vitraux avec des leds, sans sertissage, etc. « Dans le contemporain, il s’agit de répondre à la demande des artistes, et donc de rechercher des moyens d’expression adéquats (verres fusionnés, peints, collés…) », poursuit Jean-François Lagier.
L’union fait la force
« Une menace pèse sur le métier. Il y a des restrictions d’usage sur le plomb (qui lie entre eux les morceaux de verre), qui vont se renforcer. Or il n’y a pas de produits de substitution », alerte Jean-François Lagier, directeur du CIV (Chartres).
L’artisan vitrailliste est le pivot entre l’artiste (quand ce n’est pas lui qui crée), le chantier et la mise en œuvre.
« L’atelier sera toujours le lieu de la conception, mais l’artisan doit aujourd’hui pouvoir assumer l’ingénierie de la réalisation, intégrer la chaîne comprenant architectes, décorateurs, maîtrise d’œuvre… On ne peut plus être tout seul », observe Jean-François Lagier.
La Maison Lorin réalise des chantiers en groupement d’entreprises ; Élodie Vally y voit de nombreux avantages : « Plus de moyens humains, plus de réactivité, mutualisation de la sableuse (pour graver le verre), des échafaudages… Nous travaillons aussi avec des ferronniers d’art, des tailleurs de pierre, en groupement ou en sous-traitance. Et même avec des spécialistes du verre ayant une formation plus scientifique quant à ses altérations. » Ce dialogue permanent est d’ailleurs, selon Jean-François Lagier, « un schéma très classique dans l’histoire de l’art »…
« Chartres en lumière », jusqu’au 12 octobre : 24 sites illuminés, 7 jours sur 7, de la tombée de la nuit à 1 heure du matin.
- Connectez-vous ou inscrivez-vous pour publier un commentaire