Serge Nicole : "Le digital est essentiel"
"Une des singularités de nos entreprises, c’est que nos marchés sont loin", pose Serge Nicole, président d’Ateliers d’Art de France de 2006 à 2016 (Aude Tahon, créatrice textile de 43 ans, lui a succédé le 28 septembre dernier). Si environ 20 % des entreprises des métiers d’art sont en lien avec leur territoire et/ou tirent profit du tourisme local, "100 % des artisans d’art ont un potentiel d’attractivité internationale !", observe-t-il. Mais pour ces petites entreprises - à 86 % unipersonnelles -, accéder aux marchés lointains est difficile, voire coûteux (salons…). La solution ? La vente en ligne.
"Le développement économique de tous"
Le magasin Empreintes sera la vitrine physique d’un site de vente en ligne, portant le même nom, qui ouvrira en janvier 2017. Ce site d’e-commerce sera accessible aux 38 000 professionnels des métiers d’art de France !
"Ce site sera l’équivalent de ce qu’ont fait nos prédécesseurs en créant les salons professionnels, si importants pour nous", précise Serge Nicole. "Pour aider l’accès au marché international, le digital est essentiel. Ce site est l’acte d’une communauté, avec pour finalité le développement économique de tous". Car s’il y a une grande attractivité des métiers d’art et de la création française dans le monde, "nos entreprises sont attachées à leurs ateliers ; cet outil est la réponse d’aujourd’hui !"
L’ambition du secteur ? "Doubler le chiffre d’affaires de tous les professionnels des métiers d’art à horizon 5 ans".
Technicité et rapidité
Un artisan d’art est par définition en mouvement. "Nous transformons la matière, nous sommes en même temps toujours en train de trouver de nouvelles collections, tendances ; nous sommes engagés dans la modernité et toujours en recherche".
Ainsi, la curiosité des professionnels pour les nouveaux outils qui leur permettent d’être plus efficaces est grande : "découpe laser dans les plastiques durs, découpe de plaques de cuivre au jet d’eau, outils numériques qui vont creuser le bois comme il est impossible de le faire avec une gouge... ", commence Serge Nicole. La liste est longue. "Mais si nous utilisons ces outils industriels aujourd’hui, cela ne remplace pas l’amour du savoir-faire", insiste-t-il. Si les imprimantes 3D sont démocratisées chez les artisans d’art, "elles sont notamment utilisées pour faire des modèles servant à réaliser l’outillage ; si c’est pour faire des formes qui n’auraient pas pu être faites autrement, l’acte est complété par le travail manuel".
L’équilibre entre l’amour du savoir-faire tel qu’il a été élaboré il y a des siècles et ce goût pour l’innovation donne aux métiers d’art français une longueur d’avance en créativité."Cet équilibre est l’âme de la création française, cela porte nos marchés aujourd’hui".
Concept store : un magasin physique (en attendant le virtuel)
En plein cœur du haut Marais, un magasin sur 4 étages a ouvert en septembre : Empreintes est la première place de marché des métiers d’art. Ce concept store réunit 266 créateurs (professionnels adhérents) et propose à la vente plus de 1 000 produits, pièces uniques ou petites séries, réalisés à la main dans les ateliers français.
Ce concept-store unique sera décliné début 2017 en un site d'e-commerce accessible aux 38 professionnels des métiers d'art de France.
Crédit photo : Claude Weber
5 rue de Picardie 75003 Paris
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