L'Artisanat dans les QPV : étude inédite dans les Hauts-de-France

Quelle est la place de l'activité artisanale et de l'apprentissage dans les Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) ? Quels sont les profils des dirigeants et des entreprises ? Quels sont les secteurs les plus représentés ? Ce sont, entre autres, les questions qu'aborde la vaste étude de la Chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) des Hauts-de-France sur l'artisanat dans les QPV.

Mené en partenariat avec la Direccte et en collaboration avec les agences d'urbanisme régionales et collectivités locales, ce fin panorama dévoilé en janvier dernier aborde deux grands volets : les "potentiels de développement à conforter" et l'étude de la "diversification des dynamiques territoriales dans les EPCI" (établissements publics de coopération intercommunale). 

L'accès aux commerces restreint, malgré une bonne activité

L'étude se base sur les 199 QPV des Hauts-de-France, qui regroupent 668.000 habitants. Comparé à la moyenne régionale, le poids de l'artisanat y est sensiblement plus faible, mais il représente tout de même le quart de l'activité économique (25,4% contre 26,8% en région HDF). Le nombre d'établissements artisanaux est en progression : +15% entre 2012 et 2017. 

Néanmoins, malgré son poids dans l'économie locale, l'offre artisanale dans les QPV des Hauts-de-France est relativement faible. La densité d'établissements artisanaux (nombre pour 10.000 habitants) y est en effet 2 fois moins importante qu'au niveau régional. En somme, les habitants des QPV souffrent par endroits d'un manque d'accès aux commerces et services de proximité.

Le secteur alimentaire est globalement le plus représenté, quand celui de la production est proportionnellement moins présent en QPV qu'en région. A l'origine de ce phénomène, relèvent les auteurs de l'étude, la "fonction principalement résidentielle" de nombreux QPV. Toutefois, le constat diffère selon les départements : surreprésentation des services dans l'Aisne, artisanat de production très peu présent dans l'Oise et la Somme...

Des entreprises jeunes et à majorité masculines

L'étude note une prédominance des entreprises "jeunes" : la moyenne se situe en QPV à 7,1 an, contre 9 ans dans les Hauts-de-France. Dans les QPV, plus de 3 entreprises sur 5 ont moins de 6 ans. Le taux de radiation est élevé (18,1%), mais le flux d'entrées palie aux fermetures d'entreprises.

Même si la société reste le régime privilégié, les microentreprises gagnent du terrain dans le QPV : 32,9%, contre 26% en moyenne régionale. La part de microentreprises diminue toutefois avec l'ancienneté de l'entreprise : ce régime concerne moins d'une entreprise sur deux âgée de 3 à 5 ans, et 3,4 % des entreprises de plus de 6 ans.

Les dirigeants d'entreprise sont plus jeunes dans les QPV : 39,5 % ont moins de 40 ans. Les femmes ne représentent que 20,7% des dirigeants d'entreprise, lorsqu'au niveau régional elles sont 26,2%.

L'emploi et l'apprentissage à développer

Côté emploi, 6.775 salariés sont employés par 1.572 entreprises artisanales des QPV. Ce chiffre révèle une densité d'emplois artisanaux deux fois moins élevée qu'en région. 

Par ailleurs, chez les plus jeunes (15-24 ans) la voie de l'apprentissage y est moins prisée qu'en moyenne régionale. Les apprentis résidant en QPV s'orientent majoritairement vers le secteur alimentaire (39%), puis dans le bâtiment (29,7%), les services (26,9%) et la production (4,4%). Ils suivent principalement des formations de niveau 5, au détriment des formation de niveau supérieur (20,1% de formations niveau 3, contre 26,1% en moyenne régionale).

De façon générale, "les établissements artisanaux recourent moins à l'apprentissage quand ils sont situés en zone QPV", constatent les auteurs de l'étude.

>> Consulter l'étude complète