Des artisans réactifs et engagés

Cette crise à la fois sanitaire et économique complètement inédite a durement touché les entreprises artisanales. Chaque secteur a été impacté et si les uns ont pu continuer d’exercer, mais avec des conditions de travail complexes et angoissantes pour le dirigeant et ses équipes, d’autres ont dû arrêter pour des raisons administratives ou par impossibilité technique de poursuivre l’activité. Des dispositifs ont été mis en place mais ils ne suffiront pas à rattraper la situation. Pourtant, nos artisans ont été exemplaires durant le confinement.

Dans le secteur alimentaire : ceux qui ont pu poursuivre se sont mis au travail avec des masques, des gants de fortune, des protections montées à la hâte pour que les clients en confinement bénéficient des produits habituels. 50 % ont maintenu leur activité. La plupart des artisans boulangers, pâtissiers, chocolatiers, traiteurs ont aussi fait preuve de générosité en livrant au personnel soignant ou dans les Ehpad des douceurs pour redonner le moral et l’énergie.

Mention pour cette belle opération menée par Amélia Eustache, Spinalienne de 24 ans, qui a monté un groupe Facebook « Gâteau Suspendu », au départ avec des pâtissiers bénévoles confinés, puis en proposant de commander des gâteaux aux artisans pour les offrir aux soignants : la générosité des donateurs bénéficiait ainsi à l’activité des artisans. Une idée à développer ?

Protection anti-covid-19 : très rapidement, de nombreux artisans ont fabriqué les équipements de protection individuels qui manquaient tant, les couturières et tapissières décoratrices en tête avec une production considérable de masques en partenariat avec les industries textile. Des fabricants d’enseignes, des artisans disposant d’une imprimante 3D et d’autres professionnels de la production, inventifs et réactifs, ont monté des visières de protection, des protections de comptoir… Un formidable élan qui montre la capacité d’adaptation du secteur artisanal.

Les artisans du bâtiment sont également venus au secours des soignants et des autres artisans en leur donnant les masques qu’ils avaient en réserve pour leur activité.

Dans ce secteur de la construction, on estime à un quart les artisans qui ont pu poursuivre. Ceux qui auraient pu le faire ont souvent dû renoncer, très vite freinés par l’accès impossible aux chantiers, la désorganisation de ceux-ci mais aussi des filières d’approvisionnement, la difficulté de travailler en équipe en respectant les gestes barrière et l’angoisse des clients… Le secteur était au cœur du paradoxe entre l’injonction à travailler et la recommandation de rester chez soi. Ceux qui pouvaient poursuivre ont assuré les dépannages, pour venir au secours de personnes confinées avec chaudière en panne ou fuites d’eau…

Dépannages aussi chez les mécaniciens et carrossiers du secteur automobile. Mais là encore, difficile de respecter les gestes barrière, et de trouver immédiatement les bonnes pratiques avec les salariés, les clients.

Les pressings ont dû faire face à un surcroît d’activité, avec tout le traitement du linge des milieux hospitaliers et autres lieux de soin. Mêmes sollicitations fortes dans les entreprises de nettoyage. Angoisse assurée pour ces deux secteurs d’activité très mobilisés…

Chez les coiffeurs, les esthéticiennes, les fleuristes : l’interdiction de travailler était totale. La remise en route se fait depuis le déconfinement. Ce n’est pas simple. Ces artisans ont également fait don de matériel, charlottes, gants aux soignants.