« Sortir du schéma "Je cherche tel profil idéal" »

Dans quels secteurs artisanaux observez-vous les plus grosses tensions de recrutement ? 

Nous avons recueilli les perceptions des recruteurs. 68 % des recruteurs des métiers de bouche disent rencontrer des difficultés ; dans le BTP, ce sont 83 % des charpentiers, 82 % des couvreurs, 72 % des plombiers...

Des chiffres bien au-dessus de la moyenne des recruteurs tous métiers confondus qui sont 44,9 % à penser que leur recrutement sera difficile.

Que fait Pôle emploi face à ce constat ? 

Nous travaillons sur l’attractivité de ces métiers. Chaque semaine, dans les agences Pôle emploi, les conseillers d’entreprise organisent des actions « #TousMobilisés » qui ont trois buts :

→ La découverte des métiers ;

→ Des propositions de formations ;

→ Des rencontres directes avec les recruteurs.

La liste des événements (470 pour le BTP en décembre dernier par exemple) est communiquée chaque mois aux organisations professionnelles, qui transmettent à leurs adhérents.

Les conseillers d’entreprise participent aussi à des Salons, établissent des partenariats locaux avec les chambres de métiers et de l’artisanat...

Quels autre leviers utilisez-vous ? 

Je crois beaucoup à l’ouverture du « sourcing » pour favoriser la rencontre entre l’offre et la demande.

À travers la méthode de recrutement par simulation (MRS), nous organisons des ateliers qui testent les personnes sur des capacités (elles vont sur des plateaux techniques, font des sessions pour voir si leurs compétences sont transférables...).

L’immersion professionnelle est aussi un très bon levier : le demandeur d’emploi va sept jours dans l’entreprise pour valider son projet ou pour « tester » un futur recrutement (l’entrepreneur peut évaluer alors son savoir-être).

Quel est l'avenir du recrutement ? 

Je crois qu’il faut sortir du schéma « je cherche tel profil idéal ». Élargir son champ de vision porte des fruits !

Nous avons pu l’expérimenter via des méthodes testées localement, comme des matches de foot où recruteurs et demandeurs d’emploi se rencontrent sans savoir qui est qui.

Ce recrutement « par affinités » est nouveau en termes de mentalité, mais nous avons des recruteurs qui n’auraient jamais pensé que prendre telle personne avec telle compétence dans leur entreprise serait approprié !

Il faut aussi demain favoriser le mentorat/tutorat : des personnes qui ont de l’expérience accompagnent le demandeur d’emploi (et donc potentiellement l’entreprise destinataire).

C’est très important pour la confiance en soi, pour se réorienter vers un métier auquel on n’aurait pas pensé.

Les agences de Pôle emploi s’adossent pour cela à des associations ; le mentorat connaît un essor depuis la crise.

>> Plus d'infos sur le site Internet de Pôle emploi !