Développement durable

« Ça peut être pire que la crise du Covid-19 ! »

Le 23/05/2022
par CMA 10
Hervé Casaubon gère l’entreprise HV Terrassement à Villemoyenne. Il est le président de la CNATP 10 (Confédération nationale des artisans des travaux publics et du paysage). Il constate au quotidien l’impact de la hausse des prix de l’énergie, associée à celle de la flambée des matières premières. Il affiche son inquiétude.
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7.000 litres par mois : c’est la consommation en gazole non routier (GNR) de l’entreprise HV Terrassement. Même s’il reste moins taxé que le carburant classique, son prix a explosé depuis le début de l’année.

« Avant, quand on payait le GNR 0,80 €, c’était déjà beaucoup. Mais avec la crise, on est monté à 1,85 € ! Cela fait 7 000 € de plus par mois pour l’entreprise », explique Hervé Casaubon.

La remise carburant de 15 centimes, entrée en vigueur début avril, ne représente donc pas une grande économie. En plus, le prix du gaz s’envole aussi, « ce qui augmente le coût de mise en œuvre d’un terrassement ou d’un enrobé par exemple ».

Et difficile de répercuter ces hausses immédiatement sur les devis déjà signés. « On ne peut pas demander au client de remettre la main à la poche, donc à un moment, il y a un problème de rentabilité. ».

Dans les travaux publics, l’énergie est le deuxième poste de dépenses après les salaires. La situation est donc tendue et les trésoreries risquent de fondre rapidement. D’autant plus qu’à la hausse des prix de l’énergie, s’ajoute celle des matériaux comme l’acier.

« Ça peut être pire que la crise du Covid-19, juge Hervé Casaubon, car à l’époque tout le monde était arrêté. Là, on ne maîtrise plus les coûts. »

Trouver des solutions

Hervé Casaubon et la CNATP craignent un coup de frein sur l’économie avec le risque de ne pas honorer certains chantiers. Plusieurs entreprises envisageraient même de cesser quelques semaines leur activité, plutôt que de travailler à perte.

L’organisation cherche donc des solutions. Ce ne seront pas les manifestations, peu efficaces selon elle. Le décalage du remboursement du PGE Covid, ou la mise en place de nouveaux prêts ne sont pas non plus une solution selon la CNATP.

Hervé Casaubon mise plutôt sur une baisse des taxes sur le carburant ou sur le chômage partiel :

« Si l’État doit repayer, cela peut l’inciter à réduire les coûts de production pour relancer l’activité. »

Il mise notamment sur les élections législatives pour sortir de la crise « car les députés peuvent faire bouger les choses », pense-t-il. Par ailleurs, le président de la CMA Grand Est #Aube, Georges Bell, a rencontré récemment Cécile Dindar, la nouvelle préfète de l’Aube, pour lui faire remonter les difficultés des artisans locaux en raison de la hausse du prix de l’énergie.

Vision de territoires par Georges Bell, président de la CMA Grand Est #Aube : La hausse du prix de l’énergie nous impacte tous. Les artisans du bâtiment subissent en particulier l’augmentation du prix de l’essence dans leurs déplacements ou sur les chantiers. Dans le secteur de l’alimentaire, nos boulangers ou nos charcutiers doivent être très vigilants sur leurs factures d’électricité et de gaz. Même problématique dans les services pour nos coiffeurs par exemple. Nos artisans métiers d’art réfléchissent aussi au coût avant de se rendre sur une exposition. Face à ces difficultés, la CMA est là. Le réseau des chambres de métiers est mobilisé depuis déjà plusieurs années sur la transition énergétique. Avec les dispositifs d’Artisan Durable, nous vous aidons à faire des économies, tout en limitant votre impact sur l’environnement. Prendre quelques heures avec nos conseillers de développement durable, c’est gagner plusieurs centaines ou milliers d’euros quelques mois plus tard. Ils vous accompagnent de façon personnalisée pour identifier vos pertes en énergie et vous conseillent sur les actions à mettre en œuvre pour réaliser des économies en moins d’un an. Vous aider à protéger l’environnement, c’est donc vous faire dépenser moins et c’est aussi un levier commercial. Nous valorisons les artisans responsables avec des labels pour augmenter votre visibilité et séduire un nouveau public. La transition écologique est un enjeu collectif. Elle peut aussi permettre à vos salariés de monter en compétences et de s’investir dans de nouveaux projets dans vos entreprises. Profitons-en pour mettre en place de nouvelles méthodes de travail et créons de nouveaux savoir-faire pour assurer le dynamisme de l’artisanat !
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