CMA France boycotte l’inauguration des WorldSkills à Lyon

Les métiers de l’artisanat pourront-ils encore participer auw Worldskills l’année prochaine ? Alors que l’ouverture de la 47e édition de cette compétition des métiers est imminente, la question se doit d’être posée pour le réseau des CMA.

Dans son viseur : la baisse globale des NPEC (niveaux de prise en charge) des contrats d’apprentissage de 5%.

Malgré les multiples alertes du réseau, qui forme à lui seul 200.000 apprentis en France via ses 137 CFA, le décret qui entérine la nouvelle révision des coûts contrats a été publiée le 7 septembre dernier.

"Les conséquences de ce décret sont dramatiques pour nos CFA puisque 57% de nos formations deviennent déficitaires (ce qui représente 55% des apprentis que nous formons) et nous perdons, très concrètement, notre capacité à former à tous les métiers de l’artisanat", Joël Fourny, président de CMA France.

Un geste fort pour alerter les politiques

Si le réseau des CMA affirme qu’il sera présent du 13 au 16 septembre pour soutenir les compétiteurs, et plus spécifiquement ses "73 jeunes champions formés au sein de nos CFA", il vient de faire savoir par le biais d’un communiqué qu’il ne participerait pas à l’inauguration officielle prévue le 14 septembre, ni à la déambulation programmée avec certaines personnalités politiques comme Carole Grandjean, la ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels, Jean-Noël Barrot, ministre de la Transition numérique, et l'ancien Premier ministre Jean Castex.

Les chambres de métiers entendent maintenir leur position "pour que le gouvernement et les nombreux ministres présents prennent enfin la pleine mesure des conséquences très concrètes de cette nouvelle baisse".

"Tout le monde salue l’excellence et c’est bien naturel mais cela a un coût ! Une médaille, c’est certes de la passion mais ce sont aussi des centaines d’heures de travail et un investissement important : matières premières, mise à disposition de personnel, de plateaux techniques…", Joël Fourny.

"Nous ne cesserons de le répéter : le coût de la formation ne doit pas être considéré comme une dépense mais bien comme un investissement pour l’avenir de nos jeunes et de nos métiers ! C’est la ligne que je défendrai à Lyon, auprès de tous les décideurs avec respect, détermination et fermeté", a indiqué le président de CMA France.

"Sans apprentissage, pas d’artisanat"

Vincent Gaud, président de la CMA Auvergne-Rhône-Alpes, abonde : "Avec la baisse de prise en charge des coûts contrat, la formation des apprentis dans l’artisanat est en réel danger et l’avenir même de certains métiers est menacé ! A l’heure du fabriqué en France, des contraintes écologiques et des besoins croissants de la population locale, souhaitons-nous aller vers des déserts artisanaux faute de jeunes formés pour prendre la relève ?"

La région Auvergne-Rhône-Alpes, qui accueille cette compétition nationale et doit organiser la compétition mondiale en 2024, forme à elle seule 22.900 apprentis au 1er janvier 2023, soit un chiffre en constante progression.

"L’enjeu est immense pour notre pays car nous sommes face à un risque majeur pour l’avenir de nos métiers : sans apprentissage il n’y a pas d’artisanat. La balle est dans le camp du gouvernement et je veux croire qu’il est encore possible de trouver une solution", conclut Joël Fourny.

Le réseau des CMA milite pour un report de cette baisse et une véritable concertation sur le financement de l’apprentissage en France. Objectif pour lui : construire une méthode pour définir un "juste prix" lors du calcul des "coûts contrats".

Les Worldskills verront s’affronter dans 69 métiers 800 compétiteurs venus du monde entier. 100.000 visiteurs y sont attendus durant les 3 jours d’épreuves…