Le réseau des CMA se transforme et confirme son efficacité

L’ambiance est conviviale malgré l’assemblée clairsemée, la masse des présences « virtuelles » plane dans la salle. Alain Griset est venu en chair et en os. Il connaît la maison, il a passé 17 ans à sa tête. Derrière les titres officiels, on se tutoie. Il y a de l’authenticité dans les échanges, de la franchise, la langue de bois est mise de côté. Tout en rappelant sa place incontournable auprès des entreprises de proximité, le réseau des CMA (chambres de métiers et de l’artisanat) poursuit sa transformation. Le point sur quelques axes majeurs évoqués par Joël Fourny et Alain Griset.

La régionalisation du réseau

La régionalisation du réseau sera officielle au 1er janvier 2021 ; il comptera donc une tête ainsi que 20 CMA, contre 89 à ce jour. Cette réforme maintiendra localement un maillage du territoire de 300 points de contact, 11 000 collaborateurs et 2500 élus. Alain Griset a insisté sur le fait que la régionalisation ne vise pas à « vouloir éloigner du terrain et à bureaucratiser ».

Au contraire : « regrouper les fonctions administratives (…) au niveau régional, c’est précisément permettre au niveau local de se concentrer sur sa relation aux artisans et au territoire et sur les services à leur rendre (…) ». C’est aussi « donner plus d’impact et plus de force [à l’action territoriale] en gagnant en visibilité auprès des autres acteurs des territoires ».

Le ministre a en outre rappelé que le calendrier électoral sera maintenu (élections dans les chambres en 2021) et a invité le réseau à « relever le défi de la participation* ».

Une proximité avérée 

Pendant ces deux confinements, plus de 2,3 millions de contacts ont été pris par le réseau des CMA. Lors du second confinement, le réseau a contacté en amont 850 000 entreprises artisanales, en ciblant 16 000 entreprises fermées pour les aider dans des solutions de ventes en ligne ou de click and collect. Si le réseau occupe le terrain, les prévisions pour 2021 invitent à la prudence.

Il paraît ainsi nécessaire au président de CMA France de travailler avec le Gouvernement sur un guide pratique « afin que le grand plan de relance profite pleinement à la première Entreprise de France ».

Alain Griset pointe d’ailleurs le fait que beaucoup d’artisans « ne connaissent pas les dispositifs auxquels ils ont droit ». Il y a aussi selon lui un travail à mener « pour mieux détecter les premières difficultés des entreprises et appliquer des solutions adaptées et immédiates afin de ne pas laisser se dégrader les situations ». 

La digitalisation des entreprises

Conséquence de la crise sanitaire, la digitalisation des systèmes de vente s’est révélée imparable. CMA France et son réseau s’engagent à accompagner les TPE artisanales en ce sens : autodiagnostic gratuit en ligne et campagne de prises de contacts ciblés, communication et information vers les solutions de plateformes et autres outils de vente labellisés par le Gouvernement, engagement pris avec le Gouvernement de proposer à 5000 artisans d’ici la fin de l’année une analyse approfondie de leurs besoins et un plan d’actions concrètes.

Joël Fourny rappelle que « le e-commerce ce n’est pas la panacée. D’abord et surtout parce que nos entreprises doivent rester des acteurs de la vie locale, de la dynamique des centres-villes. Le numérique c’est un allié pour faire du "plus" ». Mais Alain Griset ne se satisfait pas des indicateurs du numérique actuels**. Il ne s’agit pas « de faire un petit pas de plus mais bien de provoquer un saut qualitatif et quantitatif majeur (…) ». 

Formation et apprentissage 

Le réseau des CMA confirme sa place d’expert en formation par apprentissage sur le territoire. Ses 112 CFA accueillent 100 000 apprentis par an ; la dynamique initiée par la Loi Choisir son avenir professionnel est confortée avec un effectif en hausse de 3,7 % à la date au 30 octobre. Le réseau des CFA a rebondi sur cette année inédite pour renforcer son offre de formation à distance et l’innovation pédagogique.

130 000 adultes ont été formés par les CMA cette année, dont 40 000 demandeurs d’emploi. Le réseau des CMA reste néanmoins vigilant sur les modes de financement de l’apprentissage et de la formation continue. Le Gouvernement a annoncé récemment que le financement de l’apprentissage à travers les coûts contrats ne serait pas remis en cause pour la rentrée 2021.

Alain Griset précise que cela ne durera pas. De façon plus urgente, CMA France alerte sur la quasi-disparition des financements ciblés pour la formation des adultes : il manque 4 millions d’€ pour répondre aux besoins de formation des chefs d’entreprises d’ici la fin de l’année. Les sujets de discussion ne manquent pas (millions d’€ non perçus du plafond de taxe 2019, disparition du Fonds national de promotion et de communication de l’artisanat...). 

Le ministre a prévu du temps pour répondre aux présidents de CMA, parfois avec humour, parfois avec fermeté. Il se dit « avant tout un homme d’écoute et de dialogue » voulant écarter le « rapport de force ». Prêt à discuter et à commencer de nouveaux chantiers, on sent néanmoins qu’il se fait un devoir d’être impartial vis-à-vis de son secteur de cœur. 

* Moins de 3 % de participation dans certains départements aux dernières élections…

** Seulement 34 % des dirigeants de TPE de 1 à 9 salariés déclarent que la transformation numérique est déjà déployée ou en cours de déploiement (étude août 2019 CPME/Sage).

« Je voudrais te redire, au nom de l’ensemble des présidents du réseau, que tu peux compter sur nous dans l’intérêt de notre pays » (Joël Fourny, président de CMA France à Alain Griset, ministre délégué aux petites et moyennes entreprises)

« Pour un jeune, s’engager dans la voie de l’apprentissage et embrasser une carrière d’artisan, c’est plus qu’une solution, c’est une réelle opportunité, une chance de réussite, et pour les plus courageux et les plus créatifs, une garantie de succès » (Alain Griset, ministre délégué aux petites et moyennes entreprises)