Léo Cappuccio, Meilleur Ouvrier de France
Elle est longue, rectiligne, ses formes élancées s’unissent en un nœud harmonieux laissant la pierre Bleu de Lignières se gorger de lumière. Et si ses parois semblent avoir été lissées par le temps et le vent, elle est née, l’an passé, sous les mains agiles de Léo Cappuccio. Plus qu’une pièce, elle représente son titre de Meilleur Ouvrier de France (Mof)…
Un parcours tout "tracé "
Tout a commencé en 2016. " Mon inscription était un peu le coup du hasard. J’ai suivi les conseils d’un charpentier Mof alors que j’exposais au Carrousel du Louvre à Paris", sourit le jeune homme. Et il avait raison. Originaire de la région lyonnaise, Léo, qui a vu grandir son esprit créatif dans l’atelier de ferronnerie d’art de son papa, Bruno Cappuccio, avait tout pour réussir. Depuis toujours, il était attiré par l’art de la création et la relation avec les éléments. "Les volumes platoniciens sont très intéressants par leurs formes et par leurs diverses significations. Quelles soient mathématiques, astrologiques, ou même numériques, leur mélange me permet de créer une idée, une envie…" Après ses cours ou son travail, il consacre son temps libre à jouer avec les paradoxes pour les rendre possibles. Définir l’indéfinissable, créer de la magie. Préférant le tracé manuel au dessin assisté par ordinateur, il passera des centaines d’heures, penché sur sa table à dessin, à coucher sur un calque la solution d’une énigme qu’il s’est posé. Ainsi naît son anneau de Möbius… "C’était mon premier gros projet, avec l’histoire sur le pied, le travail de gravure avec les constellations, les Zodiac. À l’époque j’étais en plein dans l’Égypte", se souvient-il. D’autres œuvres ont suivi, comme Rencontre rassemblant la géométrie de Möbius et le paradoxe de l’escalier de l’infini de Escher, ou Le Nœud, double révolution de l’infini. Ainsi, le jeune homme, Meilleur Apprenti de France en 2012, apportant son savoir-faire à l’entreprise meusienne Pierre et Habitat depuis 2013, s’est exclamé en découvrant la photo du sujet final du concours de Mof : " C’est génial ! " En effet, le projet pouvait laisser libre cours à son imagination.
La précision au millimètre
" La véritable contrainte était le temps. Il a fallu aller au plus court, au plus juste, au plus efficace", confie Léo Cappuccio. Fasciné par ses recherches sur l’histoire de la colonne, le menant en Lombardie en 643, il n’a plus lâché son idée. Se relevant la nuit pour tracer les traits, il a finalement rassemblé trois approches géométriques avant de coucher sur calque le dessin final. " Le tout m’a pris deux mois. Ensuite, j’ai récupéré ma pierre à la carrière et j’ai attaqué. L’exigence était de l’ordre du millimètre, il a fallu être intransigeant sur tout, se surveiller constamment… J’ai réalisé en priorité l’assise une et trois, car il fallait que je les termine sur place pour la finale, ensuite j’ai fait le nœud, la partie la plus dure, pour finir par le chapiteau."
Après ce travail représentant 120 heures de tracés et 380 heures de taille, Léo s’est retrouvé en finale à Arras, en novembre 2018. Il recevra sa médaille de Meilleur Ouvrier de France, à Paris, lors de la cérémonie prévue en mai.
>> LÉO CAPPUCCIO : 06 62 55 76 43 - Leocappuccio55@gmail.com - cappuccio-sculptures.fr
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